lundi 15 octobre 2012

Lettre ouverte à Fleur Pellerin

Madame la Ministre,


Depuis septembre, la France déraille : du " barrez-vous " au mouvement des pigeons, l'incompréhension et le manque de dialogue sont de mise. Je m'exprime à titre personnel pour afficher mon total désarroi face à ce constat et aux conséquences du plan de financement 2013.


Je n'ai pas voulu intervenir plus tôt, pour ne pas réagir à chaud et pour dépassionner un peu le débat. Il y a bientôt un an, mon projet de création d'entreprise démarrait une nouvelle étape grâce à votre prédécesseur qui m'avait invité à un colloque international sur les TIC à Bercy, me permettant de rencontrer Microsoft et donc de bénéficier de leurs conseils avisés. Cela a été rendu possible car il était à l'écoute par le biais des réseaux sociaux et notamment de Twitter, l'origine de nos échanges.


Avec les choix que vous avez fait, une personne qui part de zéro a peu de chance de réussir a priori. Même en revenant sur vos décisions, vous lâchez prise en créant une usine à gaz, complètement déconnectée de la réalité.


A l'époque de la conférence internationale TIC à Bercy, Neelies Kroes avait ouvertement demandé à votre prédécesseur de convaincre le président de la République de l'époque qu'il faisait les bons choix. J'ai le sentiment, qu'il en est de même pour vous avec le Président de la République actuel.


Si je me suis enfin décider à écrire cette lettre ouverte, c'est la lecture des articles concernant un Paris High-Tech à l'image de ce que Londres est en train de faire. Manifestement, l'échec de Saclay n'a pas permis de tenir les leçons du passé. Pour ma création d'entreprise, le meilleur choix a été de venir à Lille au pôle EuraTechnologies, ayant des relais à Londres, à Paris, à Bruxelles et à Amsterdam, c'était une évidence. La France ne pourra pas bénéficier pleinement de la croissance des TICs si on vide la province pour " gaver " Paris. Ceci est d'autant plus vrai que la concertation n'existe même pas entre les élus locaux et l'Etat dans ce dossier.


Pour en revenir aux créateurs d'entreprise, il est parfois nécessaire pour le porteur de projet de céder plus ou moins régulièrement des parts de son entreprise selon les besoins du moment. Avec le projet actuel, même amendé selon les dernières informations, vous créez une rigidité qui devient un obstacle supplémentaire. Il existe en France de multiples petites " Sillicon Valley " , dont EuraTechnologies où je me trouve à Lille, qui à l'heure actuelle pourraient fonctionner beaucoup mieux si la rigidité administrative, voire étatique, n'était pas de mise.


En janvier, j'ai donc choisi de repartir à zéro, dans tous les sens du terme, pour déménager de ma Bourgogne d'origine vers Lille. Votre ministre de tutelle connaît très bien la Saône-et-Loire, je n'ai pas pu mettre en place mon projet pour une contrainte purement administrative. En 10 mois sur Lille, j'ai pu débloquer une situation qui durait depuis quatre ans. Aujourd'hui des investisseurs du monde entier s'intéressent à mon projet. A titre personnel, j'ai fait le nécessaire pour que les contraintes d'origine du projet n'existent plus. Tout ce travail fait de sacrifices serait remis en cause par mon propre pays. J'aurai aimé faire mon projet en Bourgogne, j'ai accepté de le faire à Lille. Par vos choix plus idéologiques que pragmatiques, vous voulez que je me dise : " J'aurai aimé le faire en France, j'ai accepté de le faire aux USA, en Corée, au Japon, ... "


Madame la Ministre, ne recréez pas ce qui existe déjà dans toutes les régions de France. Venez à EuraTechnologies-Lille pour voir comment libérer toutes les entraves des autres pôles technologiques français qui ne peuvent pas se développer correctement. Je vous ai déjà interpellé sur Twitter à ce sujet.


Madame la Ministre, ne créez pas des entrepreneurs SDF (Sans Décision fixe) millionnaires d'idées, de talents, d'investisseurs mais inutilisables en France.



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