samedi 25 janvier 2014

La rupture, le SDF et la rigueur

Il y a deux ans aujourd'hui, jour pour jour, heure pour heure, je faisais mon premier pitch public pour défendre le projet Networkvb. J'ai obtenu ce pourquoi j'avais choisi de venir à Lille. Les raisons de ma venue ont été expliquées dans un précédent article.


La rupture : un changement de cap radical, un autre choix de vie

Par le déménagement tout d'abord, par le choix délibéré de sortir de ma zone de confort, toute relative, où je sentais que je n'avançais plus. J'ai toujours fait des choix risqués, souvent parce qu'ils n'engageaient que moi ou je voulais qu'il en soit ainsi. Je me suis isolé délibérément par ce déménagement, sans aucune garantie minimum pour ma vie quotidienne. Je suis arrivé en fin de journée la fleur au fusil un 4 janvier 2012, avec ma voiture comme seule maison, ma vie tenant dans un coffre. Je n'avais pas encore pris le rendez-vous pour le pitch : je suis donc venu à Lille avant même de savoir que j'allais y rester.

On lit souvent qu'il vaut mieux être jeune pour créer une entreprise, je suis d'accord même si j'en suis le contre exemple parfait. Etre entrepreneur, c'est inné : tu l'es ou tu ne l'es pas, peu importe l'âge. J'étais déterminé, j'avais une Force, j'y suis allé.


Le SDF : le Syndrome de la Détermination et de la Force

Je suis parti de ex nihilo et je devais tout reconstruire y compris ma vie. J'ai donc accumulé tous les handicaps possibles sans m'en rendre compte ou sans vouloir m'en rendre compte. Je n'avais pas le choix : je devais réussir. C'est donc avec cette passion que j'ai réussi ce pitch pour lequel j'avais tout abandonné, tout voulu refaire, alors même que je n'avais plus rien. Si tu n'as plus rien, tu perds quoi ? Rien. Alors fonce ! Ce choix n'est pas évident, moi-même j'ai mis très longtemps, trop longtemps, pour le faire et donc cela a fait mal, pour moi et pour d'autres personnes certainement. L'isolement choisi n'était pas non plus la bonne méthode, elle m'a handicapé pendant ces deux ans, alors même que j'étais conscient d'avoir besoin d'une équipe avec moi, car en plus de cela j'avais et j'ai toujours un projet très ambitieux. Ce que j'ai fait en 2 ans, j'aurai pu certainement le faire en 6 mois.

Est-ce que je regrette mes choix ? Non, j'ai appris en accéléré et sur le terrain, c'est la meilleure école ; oui, dans la méthodologie de l'action. J'aurai pu faire la même chose plus vite et différemment : maintenant, je le sais et j'en ai fait une force. J'ai manqué de rigueur, c'est un fait.


La rigueur : un dosage subtil qui devient un atout ou un boulet

La rigueur de ma décision a caché un manque de lucidité de ma part quant à la suite du projet Networkvb, dans la mesure où je ne l'ai pas continué. J'avais créé moi-même mon électrochoc sans en maitriser les conséquences. Je me suis menti à moi-même et mon SDF me l'a caché pendant longtemps, trop longtemps au point de gaspiller mes cartouches, car à Lille j'ai tous les atouts pour mener à bien dans les meilleurs conditions ce projet avec lequel je suis vraiment marié si je puis le dire ainsi. Ce SDF était aussi mon meilleur atout et donc je n'ai pas hésité à l'utiliser. La rigueur est un travail de longue haleine qui doit durer dans le temps, je ne l'ai pas fait, j'ai mis un genou à terre. Si j'avais appliqué la même rigueur dans ma vie et sur mon projet, j'aurai gagné du temps, mais est-ce humainement possible ? C'est juste une question de méthode, tout est possible : je n'avais pas choisi la bonne méthode.

La rigueur, c'est aussi la capacité à maintenir un cap aussi difficile qui le soit, et là mon SDF a joué pleinement son rôle : réussir le projet pour lequel j'ai fait tant de sacrifices. Mon SDF a créé de nouvelles opportunités à chaque fois que j'avais gaspillé une cartouche.
2013 fut ma pire année et ma plus belle année, car j'ai appris beaucoup de choses sur moi-même. J'ai mis souvent un genou à terre. Je me suis planté dans mes choix. Je me suis isolé encore plus pendant 99% de l'année, pour m'ouvrir complètement dans le dernier mois de l'année grâce à vous tous qui me lisez et à des vrais ami(e)s rencontrés virtuellement. J'ai fini l'année libre et libéré en passant le 31 décembre entre amis, clin d'oeil à Lily, Yann et Clément.
Au fil du temps, mon réseau de contacts est devenu un atout considérable que je ne soupçonnais même pas tellement j'étais aveugle de mon isolement alors même que les habitants du Nord ont prouvé leur humanisme à mon égard.

La rigueur dans la tempête est le meilleur atout pour réussir, une période économique difficile pour entreprendre est le meilleur moment. Faire beaucoup avec peu est le meilleur gage que l'on puisse donner pour convaincre sur un projet. C'est ce qui l'en ressort dans mes discussions avec mes interlocuteurs : bien se connaitre, admettre ces limites et les corriger. Je pense que Dale Carnegie serait d'accord avec moi ;-)





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